La voix codée du danger
Plus la fréquence d’une note de musique est basse, plus cette note pourra être entendue à une grande distance. Simple règle de physique. Robert Foulis prit lui-même conscience de ce fait un soir de brouillard, chez lui à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, en 1853. En marchant vers sa maison, il entendit sa fille jouer du piano. Alors que les notes traversaient l’air nocturne, il remarqua qu’il pouvait distinguer plus clairement les plus basses. Bien conscient des dangers que représentait le brouillard pour la navigation, Foulis fit bon usage de cette constatation personnelle.
Sachant que dans certaines conditions les faisceaux lumineux ne pouvaient être vus par les marins, il mit au point la corne de brume à vapeur, un mégaphone conçu pour faire retentir un ensemble codé de notes à basse fréquence et mettre ainsi en garde les marins contre les dangers près du rivage. Foulis présenta son innovation aux législateurs provinciaux. Peu après, la première corne de brume fut installée près de chez lui au phare de l’île Partridge, d’où la voix codée du danger retentit pendant près de 150 ans. Bien qu’il n’ait jamais fait breveter son innovation, aujourd’hui encore, les marins pris dans le brouillard tendent l’oreille, à l’affût du son accueillant conçu par Foulis pour leur sécurité.